Hier je faisais mon album photo, deux ans de retard.
J’ai toujours beaucoup de joie à le construire. Pourtant tous les événements de la vie ne sont pas de grandes réussites, des moments de plaisir, de bonheur familial sans nuage. Non, de la peine, de la tristesse, des difficultés s’y rencontrent. Cependant tous ces moments retrouvés me laissaient une sensation de bonheur. Serait-ce que l’on ne prend en photo que les moments heureux ou que la peine et la misère de la vie ne sont pas visibles dans la lumière photographique ? Oui sans doute.
Je me disais : ‘’j’ai fait cela, ah oui, on a vécu cela et comme c’était émouvant ce moment là. Et ça c’était bien pénible mais ça va mieux maintenant !’’ Alors qu’est ce que ça veut dire ? Est-ce que ce n’était en moi que le soulagement que m’envoyait mon cerveau de m’être sortie de telle ou telle difficulté ? Je revoyais aussi plusieurs de nos amis qui viennent de mourir. Alors serait-ce simplement une vitalité, faite d’hormones et de bonne santé, en ce moment ?
Ou bien, y a-t-il au fond de nous un flot de vie qui coule, qui nous fait désirer progresser et aimer le temps passé dans ses avancées et ses évolutions. Il y a une progression dans ma vie, dans nos vies.
Voilà je m’en suis sortie, encore une année de prise… ou voilà je monte, je progresse.
‘’Le flot de vie souterrain qui coule en montant’’ comme aurait dit Teilhard de Chardin. Et les photos disposées sur le papier avec un choix et un ordonnancement en seraient le reflet et le témoignage.
Des choses ont évolué, d’autres se sont arrangées.
Jérémie est installé à Malte, voilà un an que Benjamin ‘’tient’’ seul Cohérence Consultant. Jacky et moi c’est la retraite complète, c’est-à-dire le complet bonheur de pouvoir faire uniquement ce qui nous tient à cœur (on va mettre l’organisation de la vie courante et autres plans d’action habitudinaires sur le compte de ce qui tient à cœur).
Avec la retraite de Jacky, j’espérais les ‘’grands travaux’’ finaux dans la maison, ce fut d’abord la mise en place du site internet de la Fraternité… mais dans les derniers jours de l’année les grands travaux furent décidés et conduits. Notre chambre et le plancher du premier et deuxième étage sont désormais achevés.
Voilà un petit regard sur l’année passée.
Pour l’année 2015 j’ai bien quelques idées, sans oublier les surprises qu’elle me réservera mais de toute manière je vous la souhaite bonne et pleine de moments d’intensité avec vos proches et vos amis.
Heureux temps que la fin d’année, occasion de faire retour arrière pour s’élancer dans l’avenir. Feuilletant mon agenda, mes fichiers et me promenant dans la maison, j’étais ému, touché, de tant de merveilles. La liste est longue : soucis de santé qui s’arrangent, de travail pour les enfants qui trouvent solutions in extremis, découvertes intérieures, amitiés qui se déclarent, relations qui s’approfondissent, les bons choix faits, le courage pour les travaux, la beauté de la maison, la sortie des épreuves avec le sentiment de ne pas être écrasé mais plutôt plus fort, une vieillesse qui s’amorce non dans la grande débâche annoncée mais avec le bonheur de la moisson.
Au cœur de tout cela la sensation d’avoir beaucoup de chance, d’être privilégié quand je regarde autour de moi. Cependant ce n’est pas que nous ayons moins de soucis ou d’épreuves, nous ne nous préservons pas, au contraire j’ai l’impression que nous nous risquons à toutes sortes de nouveautés, dans notre manière de vivre, dans les relations et au service des autres.
Alors me revient la question qui me taraude depuis si longtemps, pourquoi tant de chance, pourquoi tant de bonheur, tant de vie, pourquoi moi ?
Et c’est là que j’ai envie de dire le fond de mon cœur, d’être le plus transparent possible, de sortir des conventions et du soi-disant respect humain, pour dire ce que j’ai de plus précieux. Ce que j’ai fait d’ailleurs avec une première version de ces vœux, qui n’a pas passé la relecture de Joëlle. « Tu ne peux pas dire cela, comme ça ! ». Alors j’ai repris ma copie, avec la certitude que cette contrariété là aussi pouvait être non seulement surmontée mais était un cadeau de plus.
Ce que j’ai envie de dire, c’est ma conviction que ce bonheur de vivre ne vient pas de moi-même, qu’il m’est donné par un autre. Que le secret de mon existence, ce n’est pas seulement la chance, ma bonne étoile, je suis sûr que c’est Quelqu’un. Ma chance c’est la fiance, c’est de me fier à Celui, comme dit Teilhard, « qui fait les créatures se faire ». Celui qui, depuis que j’ai osé mettre ma main dans la sienne, a simplifié ma vie, a changé mon regard.
J’aimerais tant dire à tous ceux qui plient sous le fardeau, et je sais qu’ils sont nombreux, que le secours n’est pas loin. Il n’est pas au bout d’un parcours difficile, il est à portée de main. Il suffit d’un oui, comme un léger souffle, pour ouvrir la porte à l’habitant de nos cœurs, comme disait une chanson de notre jeunesse. Il ne s’agit pas de religion, c’est simple comme un verre d’eau, un coucher de soleil ou le rire d’un enfant.
Voilà ce que je nous souhaite à tous pour 2015, la joie de vivre en tenant la main de Celui qui nous aime.
Avec toute mon amitié.