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Théorie de l’éducation

THEORIE DE L’EDUCATION
Lucien Laberthonnière – éditions Vrin - 1901

Le rôle de l’éducation…c’est de faire que l’activité de l‘enfant devienne maîtresse d’elle-même.
ThE p22

Le rôle de l’autorité en Éducation est d’aider une conscience et une raison à naître et à se former…
Agir par soumission à une autorité, c’est être dirigé ; agir par conscience et par raison, c’est se diriger soi-même…
…il y aurait à instituer une théorie complète de l’Éducation, et par conséquent toute une théorie de l’autorité et de la liberté.
ThE p25

De quel droit un autre intervient dans sa vie pour lui faire penser et lui faire vouloir ce qu’il ne penserait pas et ce qu’il ne voudrait pas spontanément.
ThE p27

L’autorité qui agit n’est pas une abstraction. Elle est incarnée dans une personne qui vit ; elle est une personne. En s’exerçant elle se dirige d’après des intentions. Son activité est une activité morale. Et il en résulte qu’elle change complètement de nature selon l’intention qui l’anime.
Il y a l’autorité qui use du pouvoir et du savoir-faire dont elle dispose pour subordonner les autres à ses fins particulières et qui ne cherche qu’à s’emparer d’eux pour les mettre à profit : celle-là est asservissante.
Il y a l’autorité qui use du pouvoir et du savoir-faire dont elle dispose pour se subordonner elle-même en un sens à ceux qui lui sont soumis, et qui, liant son sort à leur sort, poursuit avec eux une fin commune : celle-là est libératrice.
ThE p29

L’autorité en ce monde a conscience de sa responsabilité, sachant sa faiblesse et la grandeur de sa tâche, doit, en s’organisant, chercher elle-même des garanties contre elle-même au lieu de les repousser…
Il n’y a pas d’organisation, il n’y a pas de système qui puisse remplacer la bonne volonté. Et, en dernière analyse, c’est toujours à l’initiative de la bonne volonté que sont dus les bonnes organisations et les bons systèmes.
ThE p31

L’obéissance non plus n’est pas une abstraction qu’on peut définir et fixer dans un concept ; elle est l’acte d’un être vivant, mobile et complexe, et elle prend aussi un caractère différent selon l’intention qui l’anime. Il faut donc distinguer l’obéissance servile qui correspond à l’autorité autoritaire, s’il est permis de s’exprimer ainsi, et l’obéissance libre qui correspond à l’autorité libérale. Si dans un cas obéir, c’est subir, il n’en est pas du tout de même dans l’autre cas où obéir, c’est au contraire accepter.
ThE p 32

Mais il s’agit de savoir comment peuvent se concilier des êtres vivants qui sont capables de se mouvoir, de changer et de se transformer.
ThE p 32

Qu’on ne s’imagine pas toutefois que l’Éducateur n’a qu’à chercher l’obéissance libre pour la rencontrer, car son rôle, c’est précisément de l’engendrer, de la faire naître, Mais bien loin que son autorité, si elle est ce qu’elle doit être, soit en opposition avec la liberté de l’enfant, nous disons qu’elle en est, au moins dans une certaine mesure, la condition. La liberté de l’enfant en effet n’est pas une donnée d’où l’on part ; c’est un idéal à atteindre…
Pour devenir libre, il faut par conséquent qu’il s’élève au-dessus de ses instincts et qu’il domine cette anarchie intérieure. Or c’est pour coopérer à cette œuvre d’humanisation que l’intervention de l’Éducation est nécessaire.
ThE p34

Mais si l’Éducateur, par toute son attitude, montre que ce n’est ni pour son plaisir, ni pour son profit, ni par caprice, ni par orgueil, qu’il use de son autorité ; s’il commande de manière à donner l’impression que lui-même obéit en commandant, il devient alors pour l’enfant comme la révélation d’une vie supérieure où, sous le règne de la justice et de la bonté, l’opposition des égoïsmes disparaît.
ThE p36

Et qu’on ne demande pas à quels procédés techniques il faut avoir recours. Nous répondrions volontiers qu’ils sont tous bons pourvu qu’ils soient vraiment animés d’une intention désintéressée…
II sera vivant, souple, large, condescendant…
Il saura varier ses procédés et les adapter aux circonstances comme aux individus… C’est le cas ou jamais de répéter que, tant vaut l’homme, tant vaut la méthode : car ici on vaut non par ce qu’on dit ou qu’on fait, mais parce que l’on est. C’est l’âme qui est tout.
ThE p 37

Et ce motif, pour que l’action de l’Éducateur soit à la fois légitime et bienfaisante, doit être d’un autre ordre que celui des intérêts et des ambitions où les individus sont en concurrence les uns contre les autres. S’il convient d’être habile, c’est à la condition d’avoir plus et mieux que de l’habileté. II. ne s’agit pas ici de se faire une situation en l’emportant sur les autres, il ne s’agit pas non plus de capter pour s’en servir des forces naturelles ; il s’agit de coopérer à former des personnes qui s’appartiennent à elles-mêmes intérieurement et qui soient responsables de ce qu’elles pensent et de ce qu’elles veulent.
ThE p 38

Comme elle sait bien qu’en définitive elle ne peut s’emparer intérieurement de ceux qui ne veulent pas se rendre, comme elle sait aussi du reste que si elle s’en emparait elle n’aurait plus en face d’elle, au lieu de personnes qui se donnent, que des choses qui se laissent prendre, elle introduit dans ses ordres les plus impérieux comme une sorte de supplication ardente qui les transforme en un appel pressant. Ce n’est plus un individu qui se dresse contre d’autres individus. C’est une âme à travers qui Dieu passe, une âme qui s’ouvre, qui sort d’elle-même et qui, portant Dieu avec elle, s’en va vivifier d’autres âmes…
Il n’y a donc plus là une volonté qui s’impose à d’autres volontés pour les dominer ; mais il y a une volonté qui se prête à d’autres volontés pour les aider à vouloir, pour vouloir avec elles. Et finalement il se trouve que l’autorité de l’Éducateur, c’est sa conscience même qui vit, sa conscience où Dieu est, qui se manifeste en vivant, qui rayonne autour de lui et qui se communique en agissant chez les autres en même temps qu’elle agit chez lui.
ThE p44

On s’en va répétant sans cesse que l’Éducation doit développer chez l’enfant l’initiative personnelle ; on redit sur tous les tons que faire l’Éducation de quelqu’un c’est lui apprendre à penser, à vouloir, à vivre en un mot par lui-même. Et sans aucun doute on a raison. Mais on ne s’occupe pas assez des conditions à remplir pour obtenir ce résultat.
ThE p45

En conséquence, si vraiment elle remplit son rôle, si elle travaille réellement à développer l’initiative personnelle, à former des hommes capables de penser, de vouloir, de vivre par eux-mêmes, au lieu de se substituer à eux et de les subordonner à ses fins particulières, au lieu de chercher à les dominer pour s’en servir d’une façon quelconque, et sous un prétexte quelconque, elle aboutit au contraire à se rendre inutile auprès d’eux, elle fait en sorte qu’ils sachent et qu’ils puissent se passer d’elle.
ThE p 46

Mais il s’agit d’aider des personnes à prendre conscience d’elles-mêmes, de leurs devoirs, de leur responsabilité. Il s’agit de les susciter à la vie intellectuelle et morale, en un mot de les faire naître. L’Éducation en effet est véritablement un enfantement…
C’est un enfantement à une vie supérieure par l’action d’une vie supérieure…
Il n’y a charité que s’il y a vraiment sacrifice de soi à autrui. Et dés lors qu’on intervient dans la vie des autres – et c’est bien là ce que suppose l’Éducation – pour ne pas se comporter comme si on avait à s’emparer d’eux, il faut les aimer en s’oubliant soi-même…
C’est une âme qui nourrit d’autres âmes de sa propre substance pour les faire vivre et grandir, pour les mettre à même de se donner à leur tour et d’accomplir à leur tour œuvre de personnes humaines.
ThE p 50

La question n’est pas de savoir si, oui ou non, il faut avoir recours à l’autorité. En vertu même de la constitution des choses l’autorité s’exerce nécessairement d’une manière ou d’une autre, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas. Et quand on prétend ne pas le vouloir, on se dupe soi-même en dupant les autres. Mais la question est uniquement de savoir ce que doit être l’autorité, quel but elle doit poursuivre et de quel esprit elle doit être animée en s’exerçant.
ThE p 51

Une des idées fondamentales du catholicisme en effet, c’est que d’une part nous sommes étroitement solidaires les uns des autres et que d’autre part néanmoins chacun de nous est une personne qui relève d’elle-même, responsable de ce qu’elle est appelée à reproduire la parfaite liberté de Dieu.
Selon le Catholicisme tout dans l’humanité se fait par coopération. La vie morale et chrétienne de l’homme est une coopération de la grâce divine et de la volonté humaine. Et d’autre part aussi la vie morale et chrétienne de chacun de nous est une coopération de son activité individuelle et de l’activité des autres dont il subit l’influence ou dont il reçoit la direction. Ce que nous sommes moralement et surnaturellement, nous le sommes par le concours de Dieu et par le concours de la société dans laquelle nous naissons. Par nous-mêmes nous n’avons rien, nous ne sommes rien. Et en même temps cependant au point de vue moral et surnaturel nous ne sommes toujours au fond de nous-mêmes que ce que nous voulons être. Une volonté qui ne veut pas se rendre est une citadelle imprenable. Personne n’est chrétien par soi-même ; mais personne non plus n’est chrétien malgré soi.
Cette double vérité, le Catholicisme l’a toujours maintenue à travers les siècles, il a toujours affirmé, non seulement la dépendance de l’homme par rapport à Dieu, mais la solidarité des hommes entre eux, solidarité qui, bongré malgré, les rend dépendants les uns des autres. Et il a toujours affirmé aussi le libre-arbitre et par conséquent l’autonomie de la personne humaine.
Or c’est également cette double vérité que sous une autre forme nous avons énoncée et mise en relief dans ce qui précède, en constatant d’une part la nécessité de l’Éducation, et en reconnaissant d’autre part que l’Éducation doit se proposer comme but le développement de l’initiative personnelle et la réalisation de la liberté. ThE p55

La conception catholique de l’humanité, à savoir : des hommes solidaires, ayant la responsabilité les uns des autres, et en même temps autonomes, ayant chacun la responsabilité de soi-même.
ThE p55

A chaque homme qui vient en ce monde incombe le devoir de se conquérir lui-même sur l’anarchie des appétits et des besoins inférieurs et d’arriver à se délivrer par la vérité et la bonté. Mais il se trouve que pour cette œuvre-là nous sommes en fait associés les uns aux autres. Nous ne nous délivrons qu’en aidant les autres à se délivrer ; nous ne faisons notre salut qu’en aidant les autres à faire le leur.
ThE p56

L’exercice de l’autorité en générai n’est qu’une des formes de ce que nous avons à faire les uns par les autres et les uns pour les autres en vue de notre destinée commune. Ceux qui commandent et ceux qui obéissent ont donc la même fin à atteindre et ils doivent s’inspirer du même esprit. Les premiers ont seulement une responsabilité plus grande : ils ont à répondre spécialement des autres dans la mesure où les autres leur sont spécialement confiés.
ThE p57

Le catholicisme de ce point de vue, se présente donc à nous comme une organisation sociale qui, prenant l’humanité telle qu’elle est dans sa misère native, a pour objet de la délivrer, de la sauver. Il se présente en même temps, il est vrai, comme résultant d’une intervention spéciale de Dieu..
Assurément, dans son principe, l’intervention qu’il suppose est libre. C’est Dieu accordant à l’humanité une surabondance d’amour. Mais chez un être capable d’aimer et sachant répondre à l’amour dont il est l’objet, il n’y a pas de surabondance d’amour qui puisse lui sembler un fardeau dont on le chargerait arbitrairement. Dans cet ordre de choses le trop n’existe pas. On n’en a jamais assez…
Mais ce qu’il nous propose, disons-le bien haut pour qu’on l’entende et qu’on ne l’oublie pas, c’est la délivrance, c’est le salut. Et le salut qu’il nous propose, pour être l’œuvre de Dieu, n’en est pas moins notre œuvre.
ThE p 59

Se sauver, ce n’est rien de plus, ni rien de moins que grandir intérieurement dans la vérité et la bonté.
ThE p 62

La liberté ne se donne pas, elle se conquiert…
On ne concourt à délivrer les autres qu’en se délivrant soi-même. Et on ne se délivre soi-même qu’en s’améliorant. Et quand on cherche à se délivrer autrement qu’en s’améliorant, on se dresse par le fait même en ennemi contre les autres ; on s’érige en maître au sens antique du mot ; on introduit ainsi la tyrannie dans le monde au lieu de la liberté.
ThE p 63

C’est très bien de dire que l’Éducation doit développer l’initiative et qu’à ce titre elle ne peut se faire que par coopération…
Le problème reste toujours le même. Il s’agit encore en intervenant dans la vie de quelqu’un, non seulement de ne pas l’asservir, mais de l’aider à se délivrer, à prendre possession de soi.
ThE p 69

Le Christ est la vérité, la vérité qui demeure éternelle et immuable ; mais ne l’oublions pas, il est aussi la vie qui se meut, qui marche et qui monte. Assurément ce n’est pas nous qui faisons la vérité. Et nous ne la faisons pas plus dans l’ordre naturel que dans l’ordre surnaturel. Mais, quelle qu’elle soit, elle ne se fait toujours en nous qu’avec notre concours ; quelle qu’elle soit, pour la posséder, nous avons toujours d’une certaine façon à la conquérir.
ThE p72

On ne peut être chrétien que si on veut l’être. Car c’est par le dedans qu’on est chrétien ; et la foi n’est pas une empreinte qu’on subit, mais un acte qu’on fait.
Th E p 74

Ceux-là, soit par crainte d’assumer la responsabilité d’eux-mêmes – comme si jamais ils pouvaient l’éviter ! – soit par indolence et torpeur, s’habituent à considérer que l’autorité a pour fin de penser à leur place, d’avoir à leur place des convictions et de décider pour eux de leur destinée. Ils en viennent ainsi à tout attendre du dehors passivement.
ThE p 75

Les dogmes… expriment la vie de Dieu en elle-même et dans ses rapports avec la vie de l’humanité. De ce point de vue ils expriment donc et ce que nous sommes et ce que nous devons être et comment nous le deviendrons.
ThE p 77

On n’enfonce pas la vérité dans les âmes malgré elles ; mais on ne la leur donne pas non plus comme on donne un morceau de pain. Dans l’ordre moral et religieux, il n’y a point de forçats ; mais il n’y a pas non plus de rentiers ou de mendiants vivant uniquement du travail des autres. Sans doute on reçoit tout ce qu’on a, mais en même temps aussi on n’a vraiment que ce que l’on gagne. C’est que la vérité n’est pas une chose qu’on prend ou qu’on reçoit simplement : elle est la vie de Dieu se reproduisant en nous et par nous.
ThE p 85

En conséquence celui qui enseigne, pour avoir précisément l’autorité qui convient ici, au lieu de vouloir qu’on l’écoute passivement sous prétexte de docilité à la parole divine, celui qui enseigne, dis-je, devra le faire de manière à provoquer à la discussion…
Bien plus — car il faut aller jusqu’au bout dans cette voie — pour que son enseignement porte aussi loin que possible et atteigne l’erreur jusque dans sa racine, il tâchera même, tout en s’adaptant à la diversité des esprits et des situations, d’éveiller chez eux les énergies opposantes qui dorment au fond de leur nature et qui tôt ou tard s’éveilleraient d’elles-mêmes, pour que, en apparaissant au grand jour et en entrant en lutte avec la vérité, elles puissent être vaincues et transformées par elle.
C’est uniquement de cette façon en effet que s’accomplit la christianisation foncière de leur humanité…
Oui sans doute, dirons-nous ensuite, il peut résulter de là une crise ; mais justement il faut que d’une manière ou d’une autre une crise en résulte. A ce prix justement s’accomplit la transformation désirée…
Qu’on s’y prenne du reste comme on voudra, on ne fera jamais que la vie humaine ne soit pas un danger à courir, que vivre en homme ne soit pas vivre à ses risques et périls.
…la foi au christianisme n’est vraiment vivante et agissante que chez ceux qui, d’une manière ou d’une autre, mais toujours à la sueur de leur front, ont réalisé une conversion et coopéré par leurs efforts à la conquête de la vérité chrétienne.
ThE p 89

La vérité révélée ne doit pas être subie mais acceptée…
…il s’agit d’ouvrir de plus en plus la raison à la vérité surnaturelle pour qu’elle soit illuminée, pénétrée, informée par elle…
…pour rester ouvert à la vérité, pour la faire descendre en soi ou pour monter vers elle, il faut commencer par ne pas croire qu’on est soi-même, avec ce qu’on pense, la vérité intégrale ; il faut commencer par sortir de soi et se déprendre de ses idées. Et ce qui doit résulter de là, c’est que, au lieu de défigurer ou de nier la vérité en voulant la ramener à sa propre mesure, on s’éclaire à sa lumière et on l’affirme en se ramenant soi-même à elle et en s’y adaptant.
L’initiative que nous réclamons n’a donc rien de commun avec l’esprit de présomption et d’orgueil ; elle suppose essentiellement au contraire la défiance de soi. Les présomptueux et les orgueilleux sont ceux qui s’imaginent qu’ils peuvent avoir la vérité sans qu’il leur en coûte rien.
Ce qui est vrai, c’est que pour enseigner efficacement dans ces conditions, pour secouer la torpeur des esprits et les amener à vivre par eux-mêmes de la vérité, il faut commencer par se donner à soi-même la peine d’en vivre. Et c’est en effet une peine à se donner, c’est un effort à faire et à renouveler incessamment. Et le vrai danger à redouter, c’est le manque de courage. Ici comme ailleurs la vie seule communique la vie…
Ce qui est vrai encore, c’est que celui qui a reçu et accepté la mission d’enseigner ne prendra jamais assez de précautions contre lui-même. Il doit à ceux qui l’écoutent l’exemple de la sincérité intellectuelle et de la défiance de soi. Il s’efforcera donc de toujours s’oublier davantage pour vivre réellement devant eux de l’amour de la vérité…
…Il cherche, il cherche infatigablement afin de toujours mieux voir pour mieux faire voir. Son oreille reste ouverte à toutes les voix. Il s’intéresse à tous les efforts de l’esprit humain et en même temps qu’il fait aux autres, autant qu’il peut, la charité de les comprendre, il profite lui-même de cette charité…
Tant qu’on est sur la terre, ne craignons pas de le dire, l’attitude de la recherche est la seule qui convienne à ceux qui enseignent comme à ceux qui sont enseignés…
C’est l’attitude de ceux qui se meuvent en avant et qui progressent vers un but.
ThE p 95

Nous savons que les âmes ne se prennent pas du dehors, et que, quand on veut les prendre au lieu de pénétrer en elles, on les ferme en les opprimant. Nous savons que l’amour s’inspire et qu’il ne s’impose pas.
ThE p 105

Il y a une science de l’Éducation. Mais l’Éducation n’est pas une science, c’est un apostolat. Et pour être apôtre il faut croire, il faut aimer, il faut se donner sans compter, il faut se livrer à la réalité crucifiante des besognes journalières qu’exige la vie pour les autres, éclairé, soutenu, dirigé par l’espérance ferme et précise que tout ce qu’on laisse prendre et tout ce qu’on livre de soi entre toujours pour quelque chose dans ce que Dieu prépare avec l’humanité.
ThE p 107

Comment un sujet peut-il intervenir légitimement et efficacement dans la vie d’un autre sujet pour l’aider à se constituer dans sa personnalité ? Ce n’est pas un résultat extérieur que l’éducateur doit atteindre, comme celui de déterminer des aptitudes pour une fonction, mais ’un résultat intérieur : car l’homme, en tant que sujet, en tant que personne, vaut, non par les aptitudes qu’il a, mais par les intentions qui l’animent dans l’usage qu’il en fait.
ThE p117

L’enfant n’est pas une nature faite mais une nature qui se fait…
…le rôle de l’éducateur n’est pas de disposer de ceux qu’il éduque, mais au contraire de leur apprendre à disposer d’eux-mêmes, à se libérer intérieurement…
La pédagogie est un art…elle est une œuvre concrète et complexe où est engagé à la fois tout l’être de celui qui éduque et tout l’être de celui qui est éduqué, œuvre de vie, variée et souple et progressive comme la vie
ThE p 119