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Morceaux choisis de Florin Callerand

Morceaux choisis de Florin Callerand

Quelques passages de Divine Matière (DM) et Mourir en Vie 2 (MV2)
éditions Roche d’Or

Le fameux "dominez la terre" peut être interprété au sens tout a fait littéral, juste, objectif : "Je vous confie la terre pour en faire une terre meilleure, pour que vous déployiez mon acte créateur par le travail". Non pas le travail de l’homme commandeur, mais le travail du couple dans l’humanité : homme - femme travaillant ensemble pour faire une terre meilleure que celle du départ. C’est là que se situent les Personnes Divines.
Mais il y a un deuxième sens.
Je peux le dominer en demeurant à côté et en le laissant entrer en moi. Je communie à lui. Je mêle au bruit jaillissant de cette eau, ma propre chanson de fils du Créateur. Si bien que je le filialise, j’homogénéise à moi et à Dieu le torrent. Je fais la même chose pour un arbre, de même pour un animal et pour toutes les réalités. Je fais également la même chose pour les hommes et les femmes qui m’entourent.
DV p 38

Jésus m’apparaît comme l’Enfant heureux du Père. De fait, de sensation en sensation, Il paraît recevoir toute chose comme venant de Lui. Il est sans inquiétude, semblable au lis des champs, aux oiseaux du ciel.. C’est cela qu’Il sent et éprouve continuellement. C’est pourquoi II est l’Homme sans peur de la mort.
MV2 p 107

Même s’il n’y avait pas eu de péché à purifier, ni originel, ni autre, le Fils de Dieu se serait "anéanti" dans la condition de créature pour y faire la percée vers la gloire libératrice ! Telle est la théologie du grand concurrent de saint Thomas d’Aquin, le franciscain Jean Duns Scot ! C’est pourquoi Jésus tout du long de sa vie, peuplé par son intention d’incarnation, priait sans cesse en gémissant : "Père, Père ! L’heure est venue, glorifie ton nom !" Dix-neuf fois, dans l’Evangile de Jean, il est question de cette heure qui vient ou qui va arriver (chap. 2,7,17,19).
MV2 p 82 à 88

Qu’est-ce que fait l’Homme par son travail ? Prenons le travail d’ébénisterie, qui présuppose le travail du scieur, le travail des planteurs, des bûcherons, enfin voilà des pommiers ou des poiriers qui sont arrivés ici. Nous sommes assis dessus, c’est cela le travail de l’Homme. Dieu a donné à l’Homme d’être travailleur, et l’Homme par son travail est collaborateur du Dieu travailleur. Si bien que c’est Dieu qui est menuisier avec le menuisier qui a fait ces fauteuils Voltaire. C’est l’Homme travailleur, de par la dotation que Dieu lui donne, qui a fait avancer le travail. Dieu, dans sa création brute, avant que l’Homme soit crée par Lui, ne fait pas de fauteuil Voltaire... Il lance des énergies qui se développent. Il faut que l’Homme vienne et mette les mains à la pâte...
L’Homme est donc collaborateur de Dieu et de la transformation aménagée du monde par son travail. Cela, c’est la première création.
Dans la première création, Christ donne à l’Homme ses pouvoirs "d’opération sur la matière", et maintenant, dans la deuxième création, Il lui donne ses pouvoirs de glorification, de communication. Dieu ressuscitant l’Homme, celui-ci ressuscitera à son tour toutes les créatures. DM p 109

Il est sûr que par sa résurrection Jésus revient, déjà, dans ses disciples, non moins que par la Pentecôte qu’il produira en eux, leur donnant son Esprit pour leur rappeler et commenter tout ce que Lui, Jésus, a dit et fait !...
MV2 p 28

Le vendredi saint a été le plus grand moment de la vie terrestre de Jésus. Lorsqu’Il fait passage avec son souffle ‘’dans les Mains du Père’’, Il ne peut se retenir de crier que ‘’tout est accompli’’. Il vient, physiquement même, d’entrer dans la plénitude de la Résurrection. Pâques commence au soir du Calvaire. Il ne s’agit pas pour Jésus de retrouver les formes de sa vie terrestre d’avant. Il fait son passage. Il entre dans la terre promise. L’incorruptibilité de Dieu Lui est communiquée. Il est en train de recevoir la couronne de vie ; la vie qu’il a reprise est celle d’avant mais désormais transfigurée, divinisée, comme une couronne de lumière éclatante au sommet d’une montagne !...
MV2 p 48

Je suis dans la première Résurrection. De quelle manière ? Christ ressuscité me donne sa vitalité, et sa vitalité, c’est l’Esprit Saint avec ses sept dons. Je vois bien ce qui ce produit en moi alors ! Cela me ressuscite, sinon je ne suis plus qu’un homme tout court, mais avec l’animation de Christ ressuscité en moi, je frémis, je vibre, j’ai de la tendresse, j’ai de l’enthousiasme, j’ai du discernement, j’ai de la poésie, j’ai de la science... Par conséquent, je frémis devant le cadeau qu’Il me fait, et à partir de là, je constate que je fais comme Lui.
DM p 109

Dans la finale de Jésus sur la croix, quand Il dit cette suprême parole : ‘’Père, je remets mon souffle dans tes mains’’, il faut bien voir qu’en d’innombrables circonstances, II s’y était déjà appliqué. En Lui, c’était une habitude de vie et de Vie éternelle. Aussi, qu’Il s’endorme, qu’Il se réveille, qu’Il travaille avec Joseph, qu’Il enseigne ses apôtres, qu’Il affronte ses ennemis, ce cri filial demandant la Gloire Lui est toujours présent, c’est sa respiration même. Pas un battement de son coeur, une dilatation de ses poumons qui ne redise au Père pourquoi II est venu : "pour que les Hommes aient la vie en abondance !"
MV2 p 90

Qu’est-ce que la mort ? Une prise de conscience sur place ! Au lieu de regarder par-dehors, maintenant c’est par dedans qu’on a le sentir que Dieu même a du monde. Personne n’est mort ! La victoire, elle est pour tous.
MV p 22

Allons donc ! La Résurrection, ce n’est pas un retour à la situation d’avant, ce n’est pas un rafistolage après un accident, c’est un dépassement, une transfiguration, c’est une invasion intérieure de l’un dans l’autre, de l’un par l’autre, pour être animé l’un par l’autre et communier dans le fond, dans la mise en commun…
On ne peut être riche de l’un et de l’autre que par intériorité réciproque, c’est cela le secret de la Résurrection première, tout de suite : vos disparus sont en vous, mais oui ! Vous avez tellement l’habitude d’avoir les yeux tournés vers le dehors que vous n’êtes pas encore familiarisés avec ce nouveau mode de présence qui est la Vie d’Eternité dés maintenant !
MV p 26

Comment exorciser la peur de la mort ? En vivant intensément l’instant présent au niveau de la sensation directe qu’on en éprouve dans la vie, dans le vu, l’entendu, le toucher, dans ce qu’il a de vraiment positif, saint, juste. Car l’instant présent c’est l’apparition, l’émergence de l’éternité même dans le temps et l’espace que je franchis et dans lesquels je suis situé.
Du coup, j’exorcise l’ombre de l’éternité à venir en accueillant le sourire de l’éternité présente.
MV2 p 103

La sainteté de la matière n’apparaît que si la main de l’homme s’est jointe à celle de Dieu pour la faire progresser. Or, c’est là qu’il est capital d’amener les personnes à ‘’voir’’ comment collaborer à la transformation et l’évolution de la matière avec Dieu, c’est-à-dire faire des mystiques, des voyants-Dieu dans le réel. Comme dit Teilhard de Chardin – elle est forte cette parole là -, je change un peu la formulation – ‘’On ne peut voir Dieu dans le réel, que dans le fini réussi de l’œuvre que l’on accomplit ’’. Donc il faut y mettre la main .
DM p 110

(Nous rappeler que) la mort est passage de naissance, que cela se produit au moment ultime de notre temps terrestre de gestation, qu’enfin ce passage de mort à vie, ou de vie réduite, enfermée, à vie éclatée, immensifiée, se produit tout au long de nos journées chaque fois qu’un ‘’plus d’existence’’ nous est proposé.
MV2 p 50

L’éternité déjà dans le temps, "son" temps, le temps plein et non pas vide. La guérison de la peur de la mort et de toute peur est bien à portée de vos yeux, de vos doigts, de vos oreilles, une respiration d’éternité frémit pour vous en tout ce qui semble couler et s’enfuir à jamais. Trempez vos doigts, comme l’enfant, dans le torrent. Sentez et regardez : vos antennes ne viennent-elles pas de capter l’émission joyeuse de l’Eternel, sa symphonie de paix ! Et l’enfant dit : "La peur ? Je n’ai pas encore le temps d’y penser, ça doit venir quand on retire ses mains du torrent".
MV2 p 107