Voici une série de Morceaux choisis de
JESUS, FILS DE DIEU DANS L’ESPRIT SAINT
Paru aux éditions Desclée
Quand les chrétiens lisent leurs livres, c’est de la personne de Jésus qu’ils se nourrissent, plus riche que tout ce que les livres peuvent en dire…
Si pauvre que soit un livre, le Seigneur peut en faire un lieu de sa rencontre. Saint Augustin l’atteste, lui qui un jour entendit une voix lui dire : ‘’Prends et lis !’’.
JFD p 12
A Gethsémani, devant l’horrible sort qui l’attend, il demande au Père s’il n’y a pas d’autre possibilité d’accomplir son dessein (Mc 14,35)…Le Christ johannique, …déclare ne pas tout savoir…C’est le Père qui sait tout, Jésus est le Fils qui se laisse conduire, avançant avec confiance vers son Heure, la main dans celle du Père, les yeux fixés sur lui…
Quant au chemin à suivre, aux moyens de remplir la mission, tout indique que Jésus en a eu une connaissance progressive. Tout homme sur terre est en devenir ; Jésus progressait en sagesse aussi bien qu’en taille (Lc 2, 52).
JFD p 23
Vivre en relation, pouvoir donner sa foi à quelqu’un, est pour un homme une ultime raison d’être, car c’est en relation qu’on est soi-même.
JFD p 24
La foi se porte en premier lieu non sur des vérités mais sur Quelqu’un qui est la Vérité, sur Dieu manifesté en Jésus-Christ : ‘’vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi’’ (Jn 14,1), car ‘’je suis la Vérité’’ (Jn 14,6). Les apôtres n’étaient pas d’abord des propagateurs d’une pensée religieuse, mais les hérauts de Quelqu’un : ‘’Ce que nous prêchons, c’est le Christ Jésus, notre Seigneur’’ (2 Cor 4,5)…
L’homme donne sa foi, parce que le Christ confère à sa vie une éternelle plénitude de sens…
La foi…est une adhésion personnelle.
JFD p 25
C’est Jésus ‘’l’initiateur (archêgos) de la foi’’ (He 12,2). Ce mot (archêgos) désignait ‘’celui qui conduit une expédition, celui qui fraie le chemin, à la fois chef et pionnier. On donnait ce titre au premier fondateur d’une colonie dans un pays lointain…Il s’agit du Christ qui a parcouru le premier le chemin du salut et l’a ainsi tracé pour les fidèles. Il est l’initiateur du salut (He 2,10), ‘’l’avant coureur’’ (He 6,20) qui entraîne le peuple croyant à sa suite. Il est le ‘’chemin vivant et neuf’’ (He 10,20), à la fois ‘’l’initiateur de la foi et celui qui la mène à son terme (He 12,2), l’alpha et l’oméga de la foi, qui découle toute entière de la plénitude qui est dans le Fils : ‘’Je vis de la foi du Fils de Dieu ‘’ (Ga 2,20).
JFD p 28
En priant, Jésus donne à sa grâce filiale de se déployer. Fils de Dieu de naissance, il avait à consentir, à travers sa liberté d’homme, à son mystère filial, à s’ouvrir au Père qui l’engendre. La prière joue ce rôle. Elle est à la fois l’expression de la filialité qui accueille le don du Père et la quête de la totalité filiale.
JFD p 29
Dieu est pauvre. Il n’a rien, il est. Les richesses sur lesquelles un homme s’appuie sont la preuve qu’il lui manque d’être pleinement. L’avoir est la marque d’une incomplétude.
Le Fils est semblable en tout au Père, et différent en tout : il est, mais en tant que Fils. Sa divine pauvreté qui est richesse d’être, est en lui toute réceptive. Il est l’égal du Père et en besoin de lui…Le Fils éternel est pauvre à la fois du fait d’être sans rien avoir, pareil au Père, et du fait d’être en recevant : il est doublement pauvre.
Sur terre, la filialité de l’homme Jésus n’a pas encore atteint sa perfection (cf. He 2,10). Il ne partage pas encore la plénitude d’être du Père et n’a pas encore réalisé l’entière réceptivité propre au Fils. Il a besoin d’un avoir. Une mère lui est nécessaire, la terre maternelle lui est nécessaire pour le nourrir, le vêtir…il est dans le besoin à la manière des pauvres de ce monde…
Il lui fallait être pauvre de même qu’il a dû souffrir pour entrer dans sa gloire…
La gloire n’abolit donc pas la pauvreté de Jésus, de même qu’elle n’abolit pas la mort…
Jésus sait que le Père est proche des petits, des pauvres (Lc 10,21), que le Royaume leur est destiné (Lc 6,20), n’est-ce pas parce que lui-même est le pauvre par excellence.
JFD p 31
Le Père, lui, n’obéit pas, aussi peu qu’il prie. Cela non plus ne lui convient pas. Il est la Personne-source, le Fils est la Personne-accueil : il se reçoit d’un autre, il sort-de, vient-de, il va-vers celui dont il sort. Il est une Personne autrement que le Père, la différence est radicale, infinie. La personne de Jésus est radicalement, infiniment filiale…
Le Fils éternel s’incarne dans la création…le Père, en tant que tel, ne peut pas s’incarner.
Dieu crée les hommes à son image, il veut les diviniser, mais en son Fils, dans la réceptivité.
JFD p 32
Dans le passé, on a pu concevoir l’œuvre de rédemption sans référence à la divine filiation. On disait : Jésus a pris sur lui de réparer l’honneur offensé de Dieu, de payer la dette de l’humanité. Il était en mesure de le faire, étant l’homme-Dieu dont chacune des actions a valeur infinie. En sa passion, il a jeté dans la balance le prix réclamé par la justice divine. Ces théories avaient ceci en commun : elles ne concernaient pas Jésus dans la profondeur de son être, c’est-à-dire dans sa relation filiale avec Dieu…
Dans ces théories qu’on appelle maintenant juridiques, Dieu n’apparaît pas comme Père, Jésus ne se présente pas comme le Fils, l’Esprit Saint n’y joue aucun rôle.
Dieu s’y identifie avec la justice et, par une tragique erreur théologique, avec une justice revendicative qu’il faut réconcilier avec l’humanité.
(Note : actuellement la théologie a dépassé ce mode de penser. Mais beaucoup d’esprits en restent imprégnés. Même certains théologiens ne s’en dégagent pas entièrement.)
Or le Dieu de Jésus-Christ est le Père. L’initiative lui revient donc : c’est lui le sauveur qui cherche à réconcilier les hommes pécheurs avec lui. Cette initiative est d’amour, étant celle de Dieu en sa paternité ; sa justice est justifiante (Rm 3, 21-26). Son rôle est d’être le Père qui, dans son amour pour les hommes (Jn 3,16) engendre pour eux son Fils dans le monde.
JFD p 34
La mission de Jésus, telle que les évangiles synoptiques la définissent, est d’introduire le Règne de Dieu dans le monde. Or – ce fait est reconnu depuis longtemps – ‘’dans les évangiles, Jésus est le Règne en personne’’…
Comment cet homme est-il en personne le Règne de Dieu, l’espace où habite sa gloire, où son Nom est sanctifié et sa volonté accomplie ? On trouvera la réponse dans la parole prononcée sur Jésus : ‘’Tu es mon Fils bien-aimé. En toi je me complais’’ (Mc 1,11). C’est alors que Jésus commence à proclamer : ‘’Le règne de Dieu est proche’’ (Mc 1, 15)…
Dieu règne dans son domaine royal qui est Jésus, le Fils en qui se trouvent toutes les complaisances divines. Mais avant la mort de Jésus, ni la filiation divine, ni le Règne de Dieu ne se manifestait avec éclat.
JFD p 36
Il est des textes pauliniens qu’on a interprétés en sens différent, voire en opposition avec la théologie johannique. Selon Jean, Jésus est le Fils dans le sein du Père (1,18), le céleste ‘’Agneau de Dieu’’ (1,29), dont la sainteté ‘’enlève le péché du monde’’ (1,29), à la manière dont la lumière chasse les ténèbres.
JFD p 37
La rédemption se réalise dans le passage de l’existence selon la chair (Gal 4,4) à l’existence selon l’Esprit Saint (cf. 1 Cor 15,45)…
L’œuvre s’accomplit en Christ en un processus de filialisation, réalisé en faveur des hommes. Il ‘’fut envoyé dans le monde, afin qu’en lui nous recevions la filiation’’. (cf. Ga 4,4)…
(Note : j’ai saisi la pensée sous jacente à ce texte. J’ai compris cette chose très simple : que la rédemption n’est autre que le mystère personnel de Jésus, son passage de la chair à l’Esprit, de la servitude à l’existence filiale, et que les hommes sont sauvés non par distribution des mérites du Christ mais par communion avec lui.)
JFD p 39
L’homme naît une première fois en quittant le sein maternel. Une seconde fois en accouchant du monde terrestre, dans lequel il est enfermé, soumis aux multiples causes secondes. La mort rend possible une ouverture à la vie illimitée et l’accueille. Elle ne peut pas anéantir, car la personne est immortelle, créée vers Dieu. Elle est un vide capable d’accueillir. Quand Jésus se trouve réduit à l’extrême faiblesse, au point zéro de l’existence humaine, où il n’est rien par lui-même, il s’en remet à son Père et créateur, pour être par le Père ce qu’il ne peut pas être par lui-même : engendré, infiniment engendré. Il meurt engendré dans sa plénitude. C’est ainsi qu’il est le sauveur, réalisant en lui, pour tous les hommes, le dessein de Dieu qui crée l’homme mortel, pour qu’il atteigne sa perfection filiale.
La part du Fils est de s’ouvrir, de recevoir. Acceptant la mort, Jésus consent à ne plus être sinon par son Père, à qui il s’abandonne. Il participe à sa propre naissance, il exerce pleinement cette causalité réceptive, qui est le propre de la condition filiale. Il naît du Père, est ressuscité par lui, mais il participe à sa naissance, filialement.
(Note : la notion de causalité réceptive est de grande importance en théologie. C’est par sa réceptivité que Jésus accomplit sa mission, que l’homme participe à l’action en lui de la puissance de l’Esprit. C’est aussi en accueillant le Père, que le Fils participe au jaillissement de l’Esprit du Père qui engendre.)
JFD p 45
Cette mort, ne pouvait qu’être tragique. Personne ne peut recueillir l’océan au creux de sa main. Or plus grande encore est la disproportion entre l’homme et la ‘’plénitude de la divinité’. Quels étirement cet homme-Fils de Dieu n’eut-il pas à subir ?...
Jésus est devenu la béance volontaire de l’humanité face à son Dieu et Père. En sa mort, il est vraiment le Fils infini.
La grâce d’un tel mourir vers la plénitude filiale, Jésus la reçoit de son Père qui l’engendre. On ne saurait naître par soi-même, être Fils sans un Père…
L’incarnation n’est pas seulement le présupposé nécessaire de la rédemption infinie, celle-ci se réalise dans le mystère de l’incarnation, qui par la mort, se déploie en glorieuse plénitude filiale.
JFD p 46
L’incarnation commence dans la naissance terrestre et se conforte dans un mouvement simultané de descente vers l’extrême faiblesse humaine, celle de la mort, et d’assomption totale en divine naissance…
‘’Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’’ Il n’est plus rien par lui-même, vraiment plus rien, dans un contraire illimité face à Dieu. Mais cette distance n’est pas celle d’un éloignement, d’une séparation : elle est celle de la différence, d’une altérité absolue, où le Fils n’existe que dans la réceptivité.
JFD p 47
Dieu ne crée pas de rien, au sens où il créerait à partir d’un rien dont sortirait le monde : il crée de la plénitude, de la surabondance de sa paternité à l’égard de l’Unique…
Dieu est père en créant, l’action créatrice trouve sa meilleure représentation dans l’image de l’engendrement et de la filiation ; Car Dieu est essentiellement le Père, la créature est filiale, créée en permanence, elle en se recevant.
JFD p 52
Dieu se suscite des enfants dans le monde par son Esprit Saint qui est puissance à la fois d’engendrement et de création…
Les enfants de Dieu sont engendrés par Dieu, ils ne sont pas des adoptés : ‘’Nous sommes son ouvrage, créés en Christ Jésus’’ (Ep 2,10), ‘’Nés de Dieu’’ plus réellement que des parents humains (Jn 1,13), par ce principe supra-physique d’engendrement qu’est l’Esprit (Jn 3,5 ; Tt 3,5) authentiques enfants de Dieu (1 Jn 3,2) ; Si le terme huiothêsia peut signifier ‘’adoption’’ en grec profane, ce n’est pas le sens que saint Paul lui donne. Il parle de filiation et non pas d’adoption : ‘’Dieu envoya son Fils…pour nous conférer la filiation. Et preuve que vous êtes des fils’’ (Gal 4,5). Du chrétien il est dit qu’il ‘’ressuscite-avec’’ le Christ, il co-naît avec lui. ‘’Le Père est vraiment père, et beaucoup plus véritablement que les pères d’ici-bas’’ (St Grégoire de Naziance).
JFD p 53
Un homme est de par le créateur un enfant de Dieu qui crée à travers les causes secondes que sont les parents. A ceux qui participent davantage à la divine filiation du Christ, Dieu donne, par la puissance de l’Esprit, de naître de l’Eglise vierge mère…
L’analogie entre le mystère de Jésus et l’ensemble de la création suggère encore une autre réflexion : fils de Dieu par création, les hommes ont encore à le devenir jusqu’à leur mort ; baptisé, le chrétien doit encore devenir chrétien. La naissance des enfants de Dieu est permanente, elle se prolonge à travers toute l’existence de l’homme. La naissance du Fils dans le monde, son incarnation est permanente, elle aussi…
L’incarnation se réalise à travers l’histoire de Jésus…L’incarnation culmine dans sa mort…
Un homme est fils de Dieu par création, mais il doit encore se laisser créer, se laisser engendrer. Il est ‘’appelé’’ à la filiation ; en s’ouvrant à elle, il participe à l’action créatrice de Dieu, à son propre engendrement.
JFD p 58
Durant sa vie terrestre, Jésus naît de son Père en permanence et progressivement, au cœur de ce monde lui-même créé en permanence, en vue de son entière création à la fin des temps.
Jésus se trouve désormais personnalisé en tout son être comme Fils de Dieu. Un homme est de naissance une personne corporelle. Mais les virtualités de cette personne corporelle ont encore à se déployer…
Ce devenir se réalise dans l’Esprit Saint, principe de toute personnalisation.
JFD p 59
Le Christ est ‘’l’avant-coureur’’ (He 6,20), ‘’l’initiateur du salut’’ (He 2,10), le ‘’pionnier’’ (He 12,2) qui marche à la tête de la colonne.
JFD p 60
Bien que les hommes soient déjà enfants de Dieu, leur route est longue pour accueillir l’entière filiation. Infiniment plus longue fut celle de Jésus, le vrai Fils de Dieu, pour parvenir en son être humain limité à la parfaite communion du Père, dans l’altérité illimitée du mystère filial.
JFD p 60
Le monde entier existe en évolution, in-quiet, dynamisé. La création est montée depuis la matière dite inanimée jusqu’à ce que dans l’homme elle atteigne la dignité de la personne. Elle est créée vers le Christ, pour être capable d’entrer, avec lui, en relation personnelle et filiale avec son Père.
La création ne fut donc pas parfaite depuis le début de son histoire. Quand la Bible place un paradis terrestre et un couple heureux au début de son récit, elle signifie que la création est bonne au sortir des mains de Dieu. Elle ne certifie pas qu’il a existé un lieu paradisiaque habité par des hommes parfaits en tout…
Selon saint Irénée Adam n’était encore qu’un enfant en humanité. Crée par appel à la communion du Fils (cf. 1 cor 1, 9) qui est la perfection du monde, l’homme ne trouvera son paradis de perfection et de béatitude qu’au terme de l’histoire, ce paradis promis au bon larron (Lc 23, 43). Les fidèles ressuscités avec le Christ en font dés à présent un début d’expérience : ‘’Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux en Christ Jésus’’ (Ep 2,6).
JFD p 64
Les hommes sont des enfants de Dieu non seulement par adoption mais par création, et destinés à le devenir pleinement au terme de leur création, dans la résurrection des morts (Rm 8,23), en communion avec le Fils (1 Cor 1,9).
JFD p 65
Etant filiale, la création est image, un reflet divin flotte sur son visage : ‘’Depuis la création du monde, les perfections invisibles [de Dieu], éternelle puissance et divinité sont visibles dans ses œuvres pour l’intelligence’’ (Rm 1,20). La création est verbe (parole) de Dieu, une écriture sainte, inspirée elle aussi par l’Esprit Saint, dans la puissance duquel Dieu crée le monde. En contemplant l’image, en écoutant son langage muet – ‘’pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entende, mais sur toute la terre en paraît le message’’ (Ps 19,4) – l’homme peut savoir, mieux encore que par raisonnement, que Dieu existe et deviner qui il est.
JFD p 65
La personne du fils est filiale, infiniment réceptive…Quant à l’homme créé en Christ,…il est une personne réceptive…
L’expérience du mystère de Dieu, qui est d’être le Père infini, sera son ciel, son ultime bonheur…
L’homme est un être en béance, en recherche de lui-même dans l’accueil de l’Autre et des autres. Sa vertu de base est l’humilité qui désire et accueille, cette humilité qu’on a appelée le ‘’signe du christianisme’’. Elle n’abaisse pas, elle se laisse remplir de la plénitude filiale du Christ. Le mérite de l’homme ne consiste pas à donner à Dieu, mais à accueillir. La mort où l’homme peut s’ouvrir pleinement, se recevoir totalement, est la condition de sa suprême création.
JFD p 67
La volonté de Dieu dont il est dit :’’Dieu veut que tous les hommes soient sauvés’’ (1 Tm 2,4), est effectivement salvatrice. Inscrite dans la création, cette volonté est réalisatrice ; certes à travers la liberté humaine…
Il ne suffit pas à l’homme d’exister pour être sauvé…il doit consentir. Il doit se laisser ‘’filialiser’’, dans un dépassement permanent, une mort progressive à sa situation initiale…
L’homme est sauvé à la fois par création et dans la rupture avec son être premier.
JFD p 70
S’il est vrai que tout est créé en Christ et vers lui, on devine à quelle profondeur se situe sa solidarité avec le monde…
‘’Mort et ressuscité pour nous’’ signifie que Jésus est-pour-nous en sa mort et sa résurrection, solidaire en son être, destiné à nous …
‘’Le pain est pour être mangé, c’est à cela qu’il est destiné : prenez donc et mangez ! Mon corps en sa pâque est-pour-vous : prenez donc !’’ Aux disciples d’accueillir, d’entrer en communion avec lui, car ce qu’il est lui-même est pour eux.
JFD p 71
La foi consiste à croire en Jésus mort et ressuscité.
JFD p 81
Le titre de Fils est utilisé dans les manifestations de la gloire de Jésus : au baptême (Mt 3,17), sur la montagne de la transfiguration (Mat 17,5), dans l’apparition à Paul, ‘’lorsqu’il m’a révélé son Fils’’ (Gal 1,16). Il est le titre de Jésus en sa glorieuse parousie finale : ‘’Nous attendons des cieux son Fils qu’il a ressuscité ‘’ (1 Th 1,10) ; ‘’il nous a appelés à la communion de son Fils, notre Kyrios’’ en son jour (1 Cor 1,9). ‘’Fils de Dieu est un titre de gloire. Or l’Esprit est la gloire de Dieu, c’est en lui que Jésus est ressuscité : ‘’il a été ressuscité par la gloire du Père’’ (Rm 6,4).
C’est donc dans l’Esprit saint que le mystère filial parvient à sa plénitude.
JFD p 86
Le rôle de l’Esprit n’est pas celui qu’un mari joue auprès de sa femme. Selon Luc comme selon Matthieu, l’enfant est engendré par Dieu : il sera appelé Fils de Dieu et non Fils de l’Esprit. L’Esprit et Marie ont même mission qu’ils accomplissent en parfaite synergie, l’un sur mode céleste, l’autre sur mode humain. Dieu joue sur deux registres, divin et humain, l’unique mélodie du mystère de l’incarnation. Ainsi naît un homme qui est le Fils de Dieu, car Dieu l’engendre de l’Esprit et du sein de Marie.
JFD p 90
L’Esprit joue comme un rôle maternel. Ce que peut être une mère pour le bonheur d’une famille, n’est que l’ombre légère de la réalité céleste ; il permet cependant de deviner le bonheur que fait régner l’Esprit Saint, cette joie de l’Esprit Saint proverbiale dans l’Ecriture, celle du Christ en sa résurrection, celle des hommes quand ils rejoindront le Christ dans le Royaume de Dieu, la joie du ciel, celle de Dieu.
JFD p 97
Le Fils est pareil à une parole prononcée par le Père, tandis que l’Esprit est le souffle porteur de la parole, la voix qui la rend audible.
JFD p 100
Quand on trace sur soi le signe de la croix, le mouvement va du Père au Fils, l’Esprit est signifié par la barre qui croise la ligne reliant le Père au Fils.
JFD p 100
L’Esprit peut être une troisième personne, tout en étant intérieur aux autres, une personne qui unit les deux autres en cela même qui les oppose ? Rien n’est mystérieux autant que l’Esprit de Dieu ;
JFD p 101
Tout vrai amour comporte deux aspects : celui de donation de soi à l’autre, celui d’accueil de l’autre.
JFD p 109
Comment la créature de Dieu devient-elle participante de la nature de dieu ? En recevant l’Esprit Saint.
JFD p 109
Dieu est celui dont la donation de soi ne peut pas être conçue plus grande. Il est le Père dans l’engendrement infini du Fils infini. Sa divinité est paternité infinie, comme celle du Christ est filialité sans limites.
JFD p 113
Il a été question d’un processus de ‘’filialisation’’ de Jésus, à travers sa vie et sa mort…Dés le début, Jésus est le Fils engendré dans la puissance de l’Esprit (cf. Lc 1,35), mais de même qu’un chrétien doit encore devenir le chrétien qu’il est par le baptême, Jésus avait encore à consentir à son propre mystère…
L’Esprit est le principe de toute personnalisation.
JFD p 116
La mort est le sommet de la montée de Jésus vers le Père : c’est au sommet, non pas après, non pas au-delà du sommet de la montée, que Jésus entre en glorifiante communion avec son Père. Par cette glorification éternelle au sommet de sa montée, Jésus est éternisé au sommet de son existence humaine, c’est-à-dire dans sa mort.
La mort est une donation de soi. Une donation a lieu, lorsque au geste de donner correspond celui de l’acceptation. Se donnant, Jésus ne tombe pas dans le vide, il est reçu dans les mains glorifiantes du Père. La donation et l’acceptation glorifiante par le Père se rencontrent. Celle-ci est éternelle, éternel est Jésus en sa donation de soi.
La mort est le consentement absolu, l’obéissance ‘’jusqu’à la mort’’ (Ph 2,8) ; elle constitue le mérite rédempteur, car mériter c’est s’ouvrir au don de Dieu : Jésus s’ouvre par tout son être à la paternité de Dieu. C’est en s’ouvrant et non pas après l’accueil, que Jésus est comblé, qu’il est éternellement glorifié. Jésus demeure ainsi dans l’instant de sa soumission filiale, de son mérite rédempteur.
De plus, sa mort est l’acte de l’amour absolu, Jésus devient donation de soi en tout son être : il devient acte d’amour. Il rejoint, en parfaite ressemblance, son Dieu et Père, qui est acte éternel d’amour. Il ne sortira jamais de l’instant de sa mort, de l’absolu de son amour.
La mort est aussi l’ultime étape de la descente du Verbe dans l’humanité, dans la faiblesse de la créature. Jésus ne remontera jamais de cette profondeur où s’achève le mystère de l’incarnation. La glorification n’arrache donc pas Jésus à ce qui fait sa gloire d’homme Fils de Dieu, c’est-à-dire à sa mort. Elle la consacre pour toujours…
Certes, cette mort est la sienne, sienne est cette naissance à la pleine filialité, mais c’est ‘’pour nous qu’il est mort et ressuscité’’ (2 Cor 5,15).
JFD p 119
Ressuscité dans la liberté filiale, dans la plénitude de l’Esprit. Il a subi une dilatation infinie à la mesure de l’Esprit qui ’’remplit la terre’’ (Sg 1,7)
JFD p 120
Il existe une causalité réceptive…Le Fils provoque sa résurrection par l’accueil donné au Père…
Par sa mort et son aimante obéissance (cf. Jn 14, 31), Jésus suscite l’amour du Père, ‘’voilà pourquoi mon Père m’aime’’.
‘’Obéir’’ est un terme biblique pour dire consentir, accueillir. Jésus exerce une authentique causalité en sa filialité, en sa réceptivité…
En toute relation aimante, accueillir l’amour, c’est libérer l’amour dans le cœur de l’autre, lui donner de jaillir…en s’abandonnant au Père, Jésus permet, provoque l’action ressuscitante, le jaillissement en lui de l’Esprit du Père. JFD p 128