1860 Naissance à Chazelet ( petit bourg de l’Indre) dans une modeste famille d’artisans (son père est sabotier, sa mère lingère). Il est le dernier de 6 enfants.
Son frère Ernest sera emporté par la tuberculose en 1878, son père mourra cette même année.
Il fait des études secondaires au petit séminaire de son diocèse puis entre au grand séminaire de Bourges en 1880 (études de philosophie et de théologie).
Ces deux premières années de grand séminaire sont des années de crise où son entrée dans le sacerdoce se trouve plusieurs fois mise en question. Il restera sévère pour l’enseignement qui est alors offert dans les séminaires. Cependant il fourni un travail acharné de lecture et de réflexion et s’engage passionnément dans l’aventure de la pensée .
Il a alors connaissance de sa vocation fondamentale : consacrer sa vie à un travail de recherche philosophique sur les fondements de la foi chrétienne.
1886 Il est ordonné prêtre et entre à la congrégation enseignante des prêtres de l’Oratoire
1887 – 1896 Il enseigne la philosophie au Collège de Juilly (Seine et Marne).
Des notes datant de cette période paraîtront sous le titre ‘’Premiers écrits’’ en 1937.
Ses cours d’instruction religieuse traduisent un effort original, amorcé depuis plusieurs années et qui ne cessera de s’affirmer, pour renouveler la présentation du christianisme aux jeunes, en fonction de ses propres méditations et des exigences du temps.
1893 Licence de philosophie.
A la rentrée scolaire de 1896, il est nommé à Paris, professeur de philosophie au Collège Massillon et se trouve auprès du père Nouvelle, son supérieur et ami.
Octobre 1896 Le Père Lucien Laberthonnière a 36 ans. Dans la monotonie de sa vie de professeur un événement important est survenu : la découverte en 1893 de la thèse de Maurice Blondel qui vient de paraître en librairie. Il décide d’écrire à Blondel. C’est le début d’une ardente amitié.
« Je n’oublierai jamais l’émotion que dans ma solitude inquiète, j’ai éprouvé en lisant les premières pages de ‘’ l’Action’’. Je trouvais là enfin un écho vivant de tout ce qui s’agitait en moi » Lucien Laberthonnière
1900 Il précise sa pensée et répond à diverses objections dans ‘’Pour le dogmatisme moral’’
Fatigué et malade il part avant la fin de l’année scolaire se reposer à Chazelet.
Il revient à la rentrée comme supérieur du collège de Juilly.
1901 ‘’Théorie de l’éducation’’
L’élection au gouvernement français d’une chambre de députés de gauche (radicale) laisse planer de sérieuses menaces sur les congrégations religieuses. Cela engage Laberthonnière sur un ensemble de réflexions touchant le dépassement des ‘’institutions chrétiennes ‘’du moment, elles se trouvent à ses yeux rivées à une église établie qui se préoccupe uniquement de revendiquer ses droits.
L’influence de Laberthonnière s’affirme et s’étend jusque dans les rangs de la jeunesse étudiante, certains de ces écrits sont déjà lus avidement.
1903 Dispersion de l’Oratoire, les députés ayant refusé ‘’l’autorisation’’ à laquelle sont soumises désormais les congrégations enseignantes.
Laberthonnière quitte le collège de Juilly.
Il prend la direction de la revue des ‘’Annales de philosophie chrétienne’’
1905 Il fonde une ‘’Société d’études religieuses’’, un nombre important d’hommes de pensée fréquentera ses réunions.
1906 Première censure romaine atteignant Laberthonnière, un décret de l’Index condamne deux de ses ouvrages : ‘’les Essais de philosophie religieuse’’ et’’ Le réalisme Chrétien et l’idéalisme grec’’
Correspondance avec Bergson.
Parution du ‘’Témoignage des martyrs’’ .
1907 Parution de ‘’L’Église et l’État’’.
premier article de ‘’Dogme et Théologie’’ .
1910 Attaques contre Laberthonnière et les ‘’Annales’’.
1911 ‘’Positivisme et catholicisme’’ dirigé contre les théologiens de ‘’L’action française’’.
1912 A la suite d’une lutte incessante contre les menées et les assauts intégristes, la santé de Laberthonnière est éprouvée. Il se repose chez son ami Blondel et à Loctudy (Finistère) dans la maison mise à sa disposition par une amie.
Ce n’était pas un homme lointain perdu dans ses spéculations métaphysiques, mais un prêtre au sens le plus profond du mot, attaché à son ministère sacerdotal qu’il pensait devoir être surtout pour lui celui d’un apostolat intellectuel.
Cela ne l’empêchait pas à l’occasion de se détendre en fabriquant de ses mains de petits objets en bois. je possède un petit plateau de 20 cm sur 13, en bois de citronnier finement ouvragé, que je conserve toujours à portée de la main sur mon bureau .
Mme Flory ; fille de Maurice Blondel
1913 En Mai deux brochures sont mises à l’index : ‘’Le témoignage des martyrs‘‘’ et ‘’Sur le chemin du catholicisme’’. En juin une lettre du préfet de l’Index à Rome lui interdit de publier sous peine d’être ‘‘suspendu’’. En Octobre ‘’Les Annales’’ sont suspendues. Laberthonnière fait part à l’archevêque de Paris de sa soumission .
Laberthonnière accepte l’épreuve. Il a la sympathie déclarée de plusieurs évèques et il espère que la mesure qui le concerne sera un jour rapportée. En fait elle ne sera jamais levée.
Les amis du père craignent que soit exigée en haut lieu une rétractation d’erreurs que jusqu’ici les documents n’ont jamais précisés. Au fond et surtout ce que l’on a cherché à faire c’est à faire taire une voix redoutablement efficace qui, au nom de l’esprit du christianisme, s’est élevée, sur certains points, à contre-courant de l’église officielle du moment, encore que celle-ci au niveau de l’épiscopat, soit alors fort divisée.
Paul Beillevert de l’Oratoire
Il exerce son ministère auprès des soldats aveugles.
Il ne cesse pas d’écrire bien qu’il ne puisse plus publier ; il continue les conférences.
L’évêque de Nice, Mgr Chapon, lui demandera d’écrire en secret ‘’La France et l’Allemagne devant la doctrine chrétienne de la guerre’’ mémoire signé par des évêques français sur la responsabilité de la guerre.
1916 Le père Nouvelle, supérieur général de la congrégation des Oratoriens, plaide sa cause à Rome ; démarche sans lendemain.
1920 Début des controverses avec son ami Blondel.
1925 Le père Sanson chargé des conférences de carême à notre-Dame demande l’aide de Laberthonnière. Pendant plusieurs années se sera lui qui les écrira intégralement, mais cette collaboration sera tenue secrète. Les conférences auront un retentissement national, la théologie du père correspondant à un besoin de l’Église.
1929 Il souffre d’une maladie d’estomac
Il continue de nombreux échanges et correspondances ( Henri de Lubac )
Il consacre l’essentiel de son effort à sa réflexion sur le personnalisme chrétien.
1932 Celui qui avait un jour écrit : ‘’Personne ne peut nous empêcher de vivre même en ce monde dans l’absolu’’ s’éteint à l’age de 72 ans.
« Qu’il est précieux pour un chrétien de méditer aujourd’hui avec réalisme l’histoire de ces grands croyants, et aussi de comprendre comme leur vie crucifiée a été finalement féconde ! Grâce à la fidélité et à la persévérance de ces hommes qui ont reçu des blessures dont on ne guérit jamais, qui ont connu parfois les heures noires du désespoir, grâce à la foi de ces hommes qui ont supporté des vexations et des anathèmes dont le ton et la violence détonnent maintenant au point d’être difficilement imaginés, l’Église a commencé, lentement mais réellement la singulière mutation dont sa mission dépend, et son existence même » Marcel Légaut