Paul, l’apôtre des nations
Jürgen Becker
Donné à VetE 2013
Dieu avait exalté ce Jésus auprès de lui, il avait donc approuvé la compréhension que Jésus avait de Dieu !
PAN p 81
Ici s’exprime à chaque fois l’apôtre qui est attaqué, qui rencontre des concurrents, qui est contraint de se justifier et qui doit se définir lui-même ou son Évangile, ou les deux, dans une situation conflictuelle. Il le fait en évoquant sa vocation ou sa mission, soit part quelques mots typiques au moins, soit de façon plus détaillée. L’enchainement des mots clefs du premier contexte y joue un rôle déterminant analogue, même s’il est modifié de diverses manières par la façon vivante dont l’apôtre s’exprime.
PAN p 90
Devant Damas il a fait l’expérience du Ressuscité comme d’un être salvifique. C’est ce qu’il exprime en se servant des titres christologiques qui lui sont familiers au moment où il écrit…
Paul se voit désormais comme ayant reçu l’Esprit et comme conduit par lui, c’est-à-dire qu’il se comprend comme un être spirituel.
PAN p 92
Les deux manières de comprendre le tournant de sa vie - comme vocation spécifique et comme conversion au sens général - n’ont pas à être opposées…
(2 cor 4,6) “Car Dieu, qui a dit : La lumière brillera du sein des ténèbres ! a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ.” Le deuxième texte décrit la prédication qui fut celle de tous les apôtres du christianisme primitif en recourant au langage traditionnel de l’illumination, et ainsi ‘’L’illumination de l’évangile de la Gloire du Christ, qui est l’image de Dieu ‘’(4,4) est à prendre en ce sens que Dieu lui-même de cette manière brille dans les cœurs des hommes, et qu’il leur est donné de la sorte de reconnaitre la gloire de Dieu sur le visage du Christ. Telle est l’expérience faite par les apôtres dans leur activité de prédicateur. Et c’est ce qui, par leur prédication, advient à tous ceux qui accèdent à la foi. Tous les chrétiens expérimentent les effets de l’évangile de cette manière, c’est-à-dire comme illumination (4,6) et par là même aussi comme transfiguration (3,18).
PAN p 93
Paul a fait l’expérience du Ressuscité lorsque à Damas il persécutait les chrétiens au nom du Dieu d’Israël et pour le maintien de la loi – des chrétiens précisément qui se permettaient des libertés à l’égard de la loi et qui s’autorisaient de ce Jésus qui pour eux était ressuscité. La prédication et la pratique des chrétiens, ainsi que les discussions que Paul menait avec eux, lui avaient permis de connaître leur doctrine et sa note christologique. Or voici que ce Jésus lui apparait comme ressuscité ; dés lors les choses devenaient claires pour lui : ce n’est pas Paul qui devait changer les chrétiens au nom de la loi ou les persécuter, mais c’était à lui de comprendre Dieu de façon nouvelle, au rebours de son attachement à la loi ; il devait lui-même changer, puisque ce Jésus sur lequel les chrétiens se fondaient pour justifier leurs transgressions de la loi était vivant, et qu’il lui faisait éprouver d’une manière toute particulière. C’est ainsi qu’il s’est senti envoyé comme apôtre pour œuvrer auprès des nations sans tenir compte de la loi. La vision du Ressuscité a donc pu trouver son langage et son sens dans le contexte immédiat où elle s’est produite dans la vie de Paul : elle est advenue à celui qui était rempli de zèle pour la loi et qui combattait la doctrine et la pratique des chrétiens de Damas.
PAN p 95
L’exhortation n’est plus une loi venant à l’homme de façon extérieure et qu’il lui faudrait d’abord s’approprier en l’intériorisant, elle est l’explication de l’expérience de l’Esprit que fait chaque chrétien, et sert à s’exercer ensemble et progressivement à l’amour que chacun ressent en lui-même. Devenu saint, on effectue la sanctification – et par là est dit le mot clef déterminant qui commande la conduite de la vie…
Des saints conduits par l’esprit doivent vivre saintement..
Ce n’est pas la société dans son ensemble, mais la communauté qui doit vivre selon un comportement nouveau.
Le monde est objet de mission. Il lui est proposé l’Evangile.
PAN p 163
Dans la théologie de la croix il s’agit bien plutôt de Dieu qui dans l’Évangile élit la communauté et de son rapport au monde. La "parole de la croix", qui advient comme "puissance de Dieu" (1Cor1,18.26) à ceux qui sont appelés et qui, par là, sont élus, a comme contenu le Crucifié et dévoile de ce fait la manière dont Dieu élit ce qui n’a pas de valeur, de sorte que devant Dieu personne ne peut s’enorgueillir de quelque grandeur que ce soit (1,28). La théologie de la croix dit ainsi comment le croyant peut considérer Dieu, et comment il doit se considérer lui-même et le monde dans son ensemble. Elle est donc une manière d’interpréter Dieu et le monde dans la mesure où elle apprend à tout comprendre à partir de Dieu révélé dans le Crucifié, et de ce fait elle assigne en même temps sa place à toute réalité devant Dieu. Dans la théologie de la croix, ce n’est pas la croix qui est l’objet dont on déploie le sens, c’est toute réalité, purement et simplement, qui reçoit de la croix un nouvel éclairage.
PAN p 245
Après cette première esquisse… de la théologie de la croix, nous pouvons maintenant dans une deuxième étape porter notre attention sur certains éléments particuliers de 1Cor1-4. A nouveau nous allons prendre pour point de départ la compréhension de Dieu. Le point important en effet consiste ici dans cette affirmation paulinienne très radicale selon laquelle jamais Dieu ne se révèle comme Dieu autrement qu’en élisant ce qui n’est rien. C’est pourquoi Paul ne veut rien connaître sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié (1Cor2,2). Il n’y a donc pas d’agir de Dieu à l’égard de l’humanité et à son bénéfice qui ne soit déterminé par cet unique principe, rendu manifeste par la croix du Christ : la puissance de Dieu manifeste sa force là où la faiblesse, parce qu’elle est croix, est forte. En raison de ce point de départ la théologie de la croix comporte toujours aussi une tonalité polémique : les jugements des hommes qui disent ce qui est sagesse et ce qui est folie, les classifications en fonction de la culture, du pouvoir politique ou de l’origine familiale (voir 1Cor1,22-26) sont biffés d’un trait.
PAN p 246
La foi est la justice, ou : la foi en tant que vie sous l’Evangile est ce rapport de l’homme a Dieu que Dieu considère comme juste. C’est ainsi que, de l’acte du baptême, unique et qui rend juste, on passe ici à une situation continue de l’homme qui est son rapport à Dieu, et cette relation de foi constitue l’être- juste.
PAN p 347
De même l’expérience de l’Esprit créateur qui renouvelle l’homme de fond en comble fait bien voir que l’homme ne peut correspondre à la volonté de Dieu que s’il se tient, dans la foi, dans le champ de forces de l’Evangile et de l’Esprit…
Les hommes de la loi et les hommes de la foi se font face selon une alternative entre deux manières de vivre fondamentalement différentes.
PAN p 352