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Editorial des BN 29 d’avril 2014

Editorial des BN 29 d’avril 2014

Voilà déjà presque trois mois que Serge est parti. La vie reprend son cours, les émotions fortes s’atténuent, l’oubli guette comme un paysage qui s’éloigne. Je vous livre quatre réflexions de ce temps particulier.

Partage de Bonnes Nouvelles

Avril 2014

Éditorial de Jacky


1 – L’ébranlement

D’abord la proximité de la mort provoque un véritablement ébranlement, une sorte de tremblement de terre avec l’impression que rien ne résistera à ce bouleversement fait de la tristesse de la séparation, de détresse, et d’angoisse. La vie semble tellement éternelle et la mort si incompréhensible. Mais mystérieusement, pour ceux qui vivent de la proximité de Jésus de Nazareth, en même temps, surgit l’intensité de la Présence. Ce réconfort profond nous fait approcher de cette expérience étonnante, proclamée par tous les disciples du Christ : la mort est vaincue. Au milieu de la détresse, une certitude nous habite, les morts sont vivants, ils ne sont pas loin de nous. Christ est vainqueur de la mort. Serge est vivant en Lui.

2 – Des prises de consciences

Très vite après l’annonce du décès est monté dans le cœur des uns et des autres dans la fraternité, un goût à plus de partage, plus de prière, personnelle, et ensemble, plus de présence à l’essentiel, tout particulièrement dans les couples.
Surpris de ces prises de conscience, je me suis imaginé un scénario. Ces appels intérieurs viendraient bien de visitations de notre ami. Je le voyais, dans la glissade de son AVC, arrivé dans la lumière de son Seigneur. Et là surprise : il découvre que cette Trinité qui l’accueille comme un bien aimé, n’est que partage, qu’élan exprimé de l’un vers l’autre, que prière, don de soi. J’imagine alors la repentance de Serge qui refusait les appels de Jacqueline à partager, à prier, à étudier davantage ensemble l’évangile. Devant tant de lumière, tant de certitude, tant de bonté il s’est élancé, comme jamais, pour venir parler au cœur de ses sœurs et de ses frères, pour les avertir, pour les appeler à la relation entre eux et avec leur source.

3 – Un avis de Jacqueline

On peut tenir dans la détresse immense si l’on tient la main de Celui qui est la Vie. Jacqueline nous disait que les pleurs et le désespoir la submergeait dés qu’elle quittait la Présence et que la Fraternité venait raviver sa foi, dans la mesure où elle acceptait la rencontre. « L’état d’hébétude dans lequel j’étais par moment face à ce vide m’empêchait de réagir. Mais j’ai eu la chance de pouvoir parler avec un de mes fils qui était très présent et comprenait à 100 % ce que je vivais. J’ai pu ainsi déverser tout le chagrin que j’avais besoin d’évacuer. Mais je reconnais que cela n’était pas suffisant, il me fallait entendre la Voix de Celui qui me sauve en permanence pour que je refasse surface, que je ne coule pas complètement et cela m’est venu par ma fraternité. »

4 – Des découvertes douloureuses

Jacqueline nous partageait une découverte douloureuse. Elle prenait conscience peu à peu des aliénations réciproques dans le couple. On fait tellement de concession sur l’essentiel que progressivement, on fait du sur place. Alors que la vie de couple devrait être une vie surmultipliée par le bonheur d’être ensemble, elle devient une vie au rabais. Le couple vit au ralenti au lieu de courir avec intensité dans la vie en Christ. Bien sûr il y a un certain bonheur fait de tendresse mais surtout de sécurité affective. Parfois trop chèrement payé, découvrent les veufs ou les veuves après quelqu’un temps. La séparation libère. L’autre (avec notre accord paresseux) empêchait de se déployer complètement dans son identité.

5 – Invitation à proclamer des bonnes nouvelles

La véritable manifestation que la rencontre de Jésus de Nazareth est que nos yeux s’ouvrent sur les beautés du monde, des autres et de nous-mêmes et que nous le partageons.
Le vrai signe de la résurrection est toujours l’action de grâce, l’émerveillement et de sortir du mutisme.
Pour ne pas oublier Serge, je nous invite donc à faire du partage des Bonnes Nouvelles le cœur battant de notre fraternité.
Il ne s’agit pas tant de trouver des choses extraordinaires à dire qui mériteraient de sortir les trompettes. Il s’agit de vivre l’évangile, de voir Dieu vivant chaque jour au lever, au travail, au coucher. Mais surtout de partager nos cœurs. De nous dire, comment nous transformons nos manques de foi, comment nous calmons nos colères, comment nous retrouvons l’espérance, comment nous apprenons à parler, comment nous faisons pour rencontrer notre Dieu à l’intime.
Avec mon amitié