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Editorial des BN 25 de juin 2013

Editorial des BN 25 de juin 2013

Ce mois-ci j’ai fait une découverte qui m’a enthousiasmé et qui me porte encore. Dans un livre d’Antonio Damasio sur les neurosciences, il y avait quelques lignes sur la comparaison entre un avion moderne comme l’Airbus 380, ses ordinateurs de bord et innombrables capteurs avec le corps humain et son cerveau.

Devenir pleinement vivant

L’idée m’a accroché, j’ai approfondi et me suis trouvé devant un monde surprenant.
Dans notre corps en fait il n’y a pas de tuyaux ni de sacs plastiques. Il n’y a pas de tissu en toile, il n’y a pas d’armature en bois ou en métal. Pourtant, il y a bien des sortes de sac, des enveloppes, des tubes, une structure rigide. La différence est que tout est vivant, tout est constitué de cellules vivantes. Notre peau, les yeux, l’estomac, les poumons, les veines, les artères, les muscles, le sang, tout, absolument tout, est constitué de cellules vivantes. Même nos os sont vivants. Oui, nous sommes tout entier vivant. Nous sommes une communauté de vivants : 100 000 milliards de cellules vivantes pour chaque être humain. Chacune de ces cellules est un petit monde en soi avec sa sensibilité, sa mémoire, ses échanges avec l’extérieur, sa capacité à se nourrir, éliminer ses déchets, transformer l’énergie et faire son travail spécifique, accomplir sa mission. Mais aussi ces petits êtres assument de mourir et de se reproduire puisque près de 20 millions de cellules se renouvellent à chaque seconde.
La première mission d’un être vivant, d’une cellule, d’un organisme est de se préserver dans l’être en cherchant à s’adapter à son milieu en améliorant son fonctionnement.
Ainsi, chaque cellule veille à sa santé, sa pérennité mais aussi veille à ses voisins et voisines, et veille sur l’ensemble tout particulièrement en communiquant avec le central.
Notre cerveau reçoit en permanence des informations de chacun de ces vivants par l’intermédiaire des émotions et lui les traite, les analyse et fabrique des informations globales sous forme de sentiments qui nous aident à gérer notre vie.

Au fil de ces réflexions me revient l’interpellation d’une amie : Est-ce que tu aimes ton corps ? Je m’étais senti quasiment humilié de la question tellement cela semblait évident. Et cependant à y réfléchir maintenant avec la perspective de cette communauté vivante qui me constitue, je reconnais que la question se pose. Et j’avoue que j’ai souvent, l’impression d’être dans ma tête, encombré d’idées et de soucis. J’ai l’impression d’une distance avec mon corps, comme si j’étais la bulle sans son personnage dans une bande dessinée. Le mot qui me vient est cerveau ectoplasmique. Sûrement en faisant les associations bande dessinées, Tintin, ectoplasme, injure chère au capitaine Haddock. Cela correspond bien à ma sensation d’être souvent détaché de mon corps comme un ectoplasme, un fantôme désincarné. J’entends l’appel intérieur à devenir un cerveau incarné, à être un corps total en lien avec mon cerveau et que mes pensées soient en unité, en communion avec toutes les cellules de mon corps. J’aspire à devenir un vrai vivant avec un petit v, habité par le Vivant avec un grand V.